La théorie de la ride

Hier je lisais ce passage d’un bouquin : « A la fin de sa vie Georges parlait peu (…) l’exaspération et l’ennui avaient déformé son visage et sa bouche ne pouvait plus se départir d’un pli de dégoût ».

C’est à ce moment là que m’est revenue ma théorie de la ride. Oui je sais, j’échafaude des théories parfois alambiquées.

Elle est toute simple : les  rides sont le reflet d’un pan de la personnalité. Bon, il faut dire que la ride est différente selon ton bagage génétique, ton type de peau et les soins que tu lui apportes. Certes. Toutefois, la ride met parfois à jour ce que nous sommes et ce que nous avons été. Mieux que les tests de personnalité, je te propose un petit récap esthétiquement vôtre de la ride.

Alors commençons :

La ride de la mégère, que même quand elle sourit on le voit bien qu’elle est pas sympa : ambiance Tatie Danielle. C’est la ride qui se trouve au niveau des sillons naso-géniens autour de la bouche. A la différence près que chez une personne aigrie, cette ride sera très très marquée et donne un air mauvais. Imagine la tête que tu fais quand tu sens une mauvaise odeur, hé bien chez notre « désagréable ami(e) » cette tête devient permanente dès lors que les rides apparaissent. Dans la vie de tous les jours : ta prof de maths du lycée qui ne peut pas te piffrer pour je ne sais quelle raison. A chaque fois, qu’elle a une remarque à te faire, elle se campe bien droite en face de toi, met ses poings au niveau de la taille et tu peux voir les deux ridules entourant sa bouche lui donner un air pas commode, avant même qu’elle n’ouvre la bouche pour te réprimander.

La ride cul de poule ou Duck face : Victoria Beckam  sort de ce corps. Ce sont les rides qui se trouvent entre le nez et la bouche. Plus tu fais la moue et plus ces rides là s’accentuent. Bientôt, tu t’aperçois que tu poses systématiquement sur les photos avec la bouche comme ça et un jour tu te réveilles avec une tripotée de ridules bien marquées au dessus de ta lèvre supérieure qui n’en demandait pas tant. Dans la vie de tous les jours : tu as pris ton courage à deux mains et tu rentres dans une boutique hype qui vend des trucs trop fashion. Tu as des doutes sur l’étendue des tailles en magasin, mais dans le fin fond de ton petit coeur de fille complexée tu souhaites qu’il y ait des fringues à ta taille. Eh là, tu vois le vendeur et lorsqu’il te regarde de haut en bas avec cette moue méprisante qui veut dire : hum toi la grosse tu feras pas long feu dans ma boutique, tu comprends qu’il vaudrait peut-être mieux sortir de suite avant de te prendre en pleine poire l’humiliation d’un : on fait pas ce genre de tailles ici.

La ride du beau gosse qui a très bien vieilli : la Delon attitude. C’est le mec qui a des rides et des ridules bien marquées au niveau du front et de la bouche. Son style c’est : oui j’ai des rides, mais j’assume car cela me rend encore plus séduisant baby (le vieux beau aime ponctuer ses phrases de baby). Il est en représentation permanente et se comporte dans sa vie comme il le ferait sur scène ou au cinéma. Le vieux beau a aussi travaillé le haussement de sourcils genre : hé baby, je sais que je te plais. Exemple : c’est ce mec dans le bus, la cinquantaine passée qui arbore des lunettes de soleil et parle avec une voix grave et pénétrante. Puis il enlève ses lunettes et en l’espace d’une minute, il arrive à jouer la tristesse, la joie, la réflexion philosophique, le doute et j’en passe alors qu’il est juste en train de téléphoner dans un bus.

La ride quasi inexistante du beau gosse qui s’est arrêté de vieillir : la Mickey Rourke attitude. Il fut un beau gosse incontesté durant de longues années. Puis suite à des abus, des bagarres et de grosses périodes de déprime, son visage s’est modifié et il ne l’a pas supporté. Du coup, il a un peu trop forcé sur la chirurgie et il se retrouve maintenant avec un visage peu marqué, mais qui lui permettrait de faire doublure de cire de lui même  au musée Grevin.  Exemple : c’est ce monsieur sans âge que tu vois de temps en temps attablé à ton bistrot préféré. Il porte toujours des lunettes de soleil, mais c’est le jour où il les enlève par hasard que tu t’aperçois que ce monsieur n’a pas du tout 40 ans, mais une soixantaine bien tassée.

La ride du vieux pervers ou soyons politiquement correct du vieux monsieur qui adore le sexe : le Hugh Heffner style. Au premier abord, il a la tronche d’un papy gâteau. C’est lorsque tu le vois poser sa main sur une des fesses charnues de la bimbo blonde qui l’accompagne que 1) tu comprends qu’il ne se balade pas avec sa fille et 2) que son grand sourire, ses petits yeux plissés et ses fossettes marquées ne laissent aucun doute sur le fait qu’il ne se prépare pas à jouer au domino avec cette jeune fille. Il se montre coquin et très vif pour son âge et tout cela passe par ses rides. Exemple : c’est ce papy pas glam dans le bus qui te reluque avec une absence manifeste de discrétion et qui finit par te faire un clin d’œil salace quand tu as le malheur de tourner la tête vers lui.

Et puis il y a des rides qui ne choquent pas parce qu’elles sont le reflet d’une vie faite de joies, de peines, de bonheurs, de doutes, d’entraide, d’actions en faveur d’autrui et d’un long cheminement personnel. Je voyais beaucoup de douceur, mais aussi de la force et de la ténacité dans les marques du temps du visage de soeur Emmanuelle.

S’il était utile de le rappeler : la ride ne ment pas, elle montre ce qu’il y a de mauvais, mais aussi ce qu’il y a de plus beau en chacun de nous.

Hé ouais 😉 !

8 Réponses

  1. Et les rides de la rigolade ? celles qui sillonnent le tour des yeux. Celles là, je les adore.

    1. Pour moi les rides de soeur Emmanuelle montrent bien aussi les rides de la rigolade. Je les adore aussi 🙂

  2. J’adore!!! Et je salue tes talents d’observatrice et de narratrice!

    1. Merci beaucoup Cla ! j’ai gardé ça de mes études en sociologie, l’observation des comportements humains c’est mon dada.

  3. Il est mignon cet article 🙂
    On a la génétique de notre côté, les peaux exotiques ont des rides plus tard que les autres. Je ne crains pas vraiment les rides. Ma mère a presque 53 ans et n’en a toujours pas (elle m’a eue jeune). Et comme tu dis, celles de Soeur Emmanuelle sont de belles rides, il faut être fière d’avoir un jour de belles rides comme elle.

    1. Oui c’est vrai que les peaux noires et asiatiques sont ridées moins rapidement à cause la nature de notre peau. Dis donc 53 ans et pas une ride, bravo la maman.
      Bon c’est vrai que de belles rides, ça fait moins peur mais je redoute quand même le moment fatidique où j’en trouverais une au coin de mes yeux.
      Merci ma Panda ! Bisous !

  4. Victoria Beckam a des rides ??? Nan, j’avais jamais fait attention. Merde, avec tout le mal qu’elle se donne, c’est moche tout ça !

    En parlant de chirurgie esthétique, je pense que Mickey Rourke a refilé la nom de son toubib à Meg Ryan, Emmanuelle Béart et peut être aussi Catherine Deneuve (voir à Mouammar K., même si on s’en fout vu qu’il est mort).
    Sérieux, le résultat est loin d’être probant dans tous les cas.

    En toute objectivité, je pense que je peux aisément me mettre dans la case Soeur Emmanuelle !

    1. Victoria Beckam, j’ai un peu fait ma mauvaise. Elle n’a pas encore de rides, mais je pense qu’à force de faire la duckface elle aura des ridules au dessus de la lèvre. Je pense aussi qu’avec tout le mal qu’elle se donne, elle va finir doublure au musée Grévin. Ha ha oui trop bon t’as raison, ça doit être le même toubib psychopathe qui transforme les visages en cire. Meg Ryan quand on y pense, elle a vraiment, mais alors vraiment déconné. De toute fraîche, elle est passée à une dame qui fait peur quand elle sourit. C’est moche.
      Tu te mets dans la case Soeur Emmanuelle, bon choix.

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